Je suis un moineau friquet...

Je suis un moineau friquet... et je disparais en silence de vos campagnes.

Longtemps, j'ai vécu tout près des humains. Nous installions nos nids à l'abri de leurs toits, dans leurs murs, ou encore dans quelque branche creuse d'un pommier hors d'âge. Nos colonies s'étendaient dans chaque hameau, chaque ferme... Dans les champs de blé, amarantes, bleuets, adonis, linaires, nigelles éclaboussaient les épis de leurs couleurs. Autour, des haies, des ronciers, des vergers chahutaient le paysage. Et partout, des volées d'insectes, des bruissements d'ailes, de joyeuses cacophonies de stridulation accompagnaient le pas nonchalant des bêtes de la ferme. L'harmonie semblait  parfaite et l'opulence éternelle.

Aujourd'hui, j'agonise dans une campagne aseptisée. Haro sur les buissons gênants et les arbres tordus ! Sus aux "mauvaises herbes", sobriquet hideux attribué à nos belles messicoles. A bas les cavités :  on veut des murs lisses et propres ! Aujourd'hui, les insectes se sont tus... et avec eux, mes piaillements joyeux.

Je suis un moineau friquet, et avec ma virgule noire sur la joue, je pleure mon paradis perdu.

Comments

[Franck]

Toujours tres bien fait vos dessins....

[vincentdhuicque.over-blog.com]

Merci Franck !